vendredi 19 décembre 2008

Autistes: proies faciles ! (part 1)

L' histoire que je vais vous raconter est authentique. Elle est arrivée à une femme autiste que je connais très bien.

Cela s' est passé en 1999, il y a 9 ans donc.

Maria avait 38 ans et trois enfants, dont un petit garçon alors âgé de 6 ans qu' elle élevait seule depuis sa naissance. Les deux autres enfants de Maria étaient plus âgés, le premier était un jeune homme de 19 ans qui était déjà autonome et avait quitté la maison un an plus tôt, le deuxième était un adolescent de 15 ans qui vivait chez son père depuis quelques années.
Maria vivait sans homme depuis la naissance de son petit dernier, depuis 6 ans donc.

Cela faisait autant d' années que Maria ne travaillait plus, les troubles liés à son handicap étant devenus trop invalidants. Elle refusait néanmoins de faire une demande de reconnaissance de handicap et d' Allocation pour Adulte Handicapé et vivait du RMI (Revenu Minimum d' Insertion).
Maria était optimiste, elle se persuadait depuis des années qu' elle serait bientôt apte à retourner dans le monde du travail. Et surtout, elle refusait catégoriquement qu' on lui colle l' étiquette de "personne handicapée".

Maria ne bénéficiait d' aucune aide d' aucune sorte pour élever son petit garçon ni pour assumer les diverses tâches de la vie quotidienne.
Malgré les nombreuses épreuves auxquelles elle était constamment confrontée, de par son handicap mais aussi de par les mauvaises personnes qui l' entouraient (car, comme beaucoup de jeunes femmes autistes, Maria ne savait pas choisir ses amis, était crédule et extrêmement naïve, faisait confiance à tout le monde et n' importe qui, et... en l' occurrence, elle ignorait qu' elle était entourée de personnes toxiques et dangereuses qu' elle considérait comme des amis.
Pourtant, son médecin et l' assistante sociale qui était chargée de son dossier de ré-insertion sociale dans le cadre du RMI, ne cessaient de lui répéter: "Vous êtes entourée de parasites ! Faites le ménage dans vos relations ! Ces gens qui se prétendent vos amis ne font que profiter de vous et vous nuire ! " Mais Maria ne comprenait pas.

Maria était très courtisée, parce qu' elle était jolie, amusante, gaie, souriante, pleine de vie, charmante, et qu' elle avait un look original.
Ses nombreux "amis" et ses voisins appréciaient beaucoup sa gentillesse, sa disponibilité, son hospitalité, sa serviabilité. Maria était une amie sur qui on pouvait compter à tout instant, de jour comme de nuit. En dépit de ses difficultés personnelles et de la dureté de sa vie de maman célibataire vivant en-dessous du seuil de pauvreté, elle savait toujours se rendre disponible pour qui avait besoin d' elle.
Maria rendait de nombreux services sans rien demander en retour, elle gardait les enfants de ses amies et voisines sans se faire payer, elle hébergeait des personnes en difficulté, chez elle c' était "la maison du bon dieu".
Les enfants du voisinage l' adoraient car, presque tous les mercredis, elle organisait chez elle des ateliers de loisirs créatifs, ateliers gratuits suivis d' un petit goûter. Le mercredi chez Maria, c' était "Open House" pour tous les enfants du quartier. Certains de ces enfants allaient dormir chez Maria le mardi soir ou le week-end, ou durant les vacances scolaires.
Durant les ateliers de loisirs, l' appartement de Maria résonnait de rires et grouillait d' enfants qui s' amusaient comme des petits fous. Maria avait acheté des livres de maquillages de fête, et avait appris à faire de beaux maquillages aux enfants, ensuite elle les prenait en photo afin qu' ils gardent un souvenir de leurs visages grimés.
Maria leur apprenait à réaliser des objets en pâte Fimo et en pâte à sel. Elle leur apprenait à réaliser des courts-métrages d' animation à l' aide d' un camescope.
Elle organisait des ateliers de dessin, de peinture, d' écriture et de lecture.
Les enfants étaient ravis de donner libre cours à leur imagination, de créer des objets qu' ils emportaient chez eux et de regarder les petits films qu' ils avaient réalisé.
Certains mercredis aprés-midi, au lieu de faire des activités de création, Maria proposait un petit goûter dansant. La plupart du temps, les enfants se déguisaient avec des accoutrements et des accessoires que Maria mettait à leur disposition.
On riait beaucoup chez Maria les jours où il n' y avait pas d' école.
Et les voisins étaient contents de savoir leurs enfants chez elle au lieu de trainer dans la rue.

Maria n'avait certes pas que des qualités. Son autisme et les nombreux troubles qui en découlent lui pourrissaient la vie, et la rendaient souvent insupportable.
En fait, Maria ne s' entendait bien qu' avec les enfants. Il n' y avait pas de probléme d' incompréhension entre les enfants et Maria, et ils étaient gentils avec elle. Si, au cours d' un de ces fameux ateliers ou goûters, Maria avait une crise d' angoisse soudaine, il lui suffisait de dire à l' un des plus grands "Je ne suis pas bien, je vais m' allonger, occuppe-toi des petits", et tout se passait bien.
Mais avec les adultes, Maria rencontrait beaucoup de difficultés.
D' abord, elle s' ennuyait avec eux. Ensuite, elle ne comprenait pas leurs codes sociaux.
Maria était une sorte de Fifi Brindacier adulte, c'est sans doute pour cela que les enfants l' aimaient et ne lui faisaient pas de misères. Ils savaient qu' elle était différente des autres adultes, mais ils ne se moquaient pas d' elle. Bien au contraire, les plus âgés d' entre eux avaient une attitude protectrice à son égard.
Avec ses propres enfants, les choses étaient moins faciles. Mais j' y reviendrai peut-être, dans un autre chapitre, spécialement consacré à ce sujet.
Toujours est-il qu' à cette époque-là, Maria était l' amie des enfants du quartier, qui le lui rendaient bien.

Maria était très heureuse d'avoir réussi à surmonter de nombreuses difficultés lièes à l' autisme, et notamment d' avoir acquis des compétences sociales qui lui permettaient de passer pour une personne normale. Si les gens la trouvaient bizarre, ce dont elle était parfaitement consciente, personne ne se doutait qu' elle était handicapée, encore mois qu' elle était autiste.
Ses excentricités étaient mises sur le compte de son tempérament d' artiste.
On la percevait comme une femme-enfant très fragile, avec ses crises d' angoisse et ses soudains besoins d' isolement. On pensait qu' elle était timide, lorsqu' on la voyait mutique au sein d' un groupe d' adultes alors qu' elle était tellement à l' aise lorsqu' elle n' était entourée que d' enfants.
A certains moments, on pensait qu' elle était capricieuse, et qu' elle avait un mauvais caractère.
Mais cela faisait trés longtemps que plus personne ne doutait de ses facultés intellectuelles, que plus personne ne se moquait ouvertement d' elle, que plus personne ne la traitait de débile mentale. Et cela, c' était pour Maria une immense victoire. Elle s' était donné tant de mal pour parvenir à ce résultat ! Elle avait tant souffert pour parvenir à dissimuler son autisme !

En cette année 1999, Maria se trouvait au sommet de sa victoire personnelle, elle croyait qu' elle était guérie, qu' elle n' était et ne serait jamais plus autiste.
En dépit de sa situation précaire (pas de travail, de faibles revenus, des difficultés financières, de nombreuses frustrations, d' un quotidien familial difficile à gérer et épuisant, la vie était belle pour Maria. Elle savourait secrètement le fruit de sa lutte acharnée contre l' autisme, contre des troubles qui l' avaient jusque-là empêchée de profiter de la vie et d' avoir une vie sociale.
Maria ne se doutait pas qu' elle vivait un ersatz de vie sociale, que ses amis n' étaient pas des amis, qu' elle n' était pas encore et ne serait jamais normale. Elle se doutait encore moins que ce bonheur n' allait pas durer et que dans quelques mois elle allait connaitre un enfer encore plus horrible que celui dont elle venait de s' échapper.

jeudi 18 décembre 2008

pluie


pluie, première mise en ligne par lune-noire.

mercredi 17 décembre 2008

Manège Place Royale, Nantes 2008


Décembre 2008, première mise en ligne par lune-noire.

sad


sad, première mise en ligne par lune-noire.

Mannequin de vitrine

mardi 16 décembre 2008

Bol, main et tresse


Bol, main et tresse, première mise en ligne par lune-noire.

Sur la table du petit déjeuner