samedi 24 janvier 2009

autom(mne)-portrait


autom(mne)-portrait, première mise en ligne par lune-noire.

2008_octobre_12_88

vendredi 23 janvier 2009

Je hais mon handicap !

Billet écrit cette nuit dans mon lit.

Je suis arrivée en retard chez le médecin. Partie de chez moi sans prévoir une marge de sécurité en cas d' imprévu (je suis restée fidèle au médecin qui nous suivait, mes enfants et moi avant que je déménage il y a 10 ans, et c'est un peu compliqué maintenant d' aller le voir: le trajet est long, il faut prendre un tram puis un bus qu' il ne faut absolument pas rater car il ne passe que toutes les 20 minutes).
Idéalement, il faudrait que je parte de chez moi au moins 2 heures avant l' heure du rendez-vous, au cas où le bus aurait du retard, ou au cas où il y aurait trop de monde (dans ces cas-là, je préfère attendre le prochain pour ne pas prendre le risque d' avoir une crise de panique qui m' obligerait à descendre d' urgence).
Mais aujourd' hui, je suis partie seulement une heure avant.

Et, comme par hasard, de multiples incidents se sont produits: à cette heure-là, le tram était bondé. J' ai préféré attendre le suivant, puis encore celui d' après.
Avec tout ça, je suis arrivée trop tard au centre ville pour prendre le bus qui m' aurait déposée pile à l' heure devant le cabinet médical.
Le bus venait tout juste de partir quand je suis arrivée, et il fallait attendre 20 minutes avant le prochain. Or, comme par hasard, le bus suivant a eu une dizaine de minutes de retard...
Ce qui fait que je sis arrivée chez le médecin avec environ 20 minutes de retard.

Il n' y avait qu' une personne dans la salle d' attente.
Lorsque le tour de cette dame est arrivé, le médecin n' a pas jeté un regard dans la salle d' attente comme il le fait habituellement, donc il ne m' a pas vue, recroquevillée sur une chaise dans un coin de la pièce.
Pendant que j' attendais mon tour, toute seule dans la salle d' attente, une mignonne jeune fille est entrée. Puis, environ 15 minutes plus tard, une dame avec un enfant. Ils ont sonné avant d' entrer dans le cabinet, chose que ni moi ni la jeune fille n' avions fait.

Cela faisait une heure que j' attendais lorsque mon tour est arrivé. Le médecin n' a pas ouvert la porte de la salle d' attente tout de suite. Il est resté un long moment à regarder à travers la petite lucarne en verre. Je me demandais pourquoi il faisait cela. Moi j' étais déjà debout au milieu de la piéce, prête à le rejoindre dans la salle d' auscultation.
Le médecin finit enfin par ouvrir la porte de la salle d' attente, il a l' air très mécontent. Il lance sur un ton désagréable qui me choque:
- "Il y a un probléme avec les rendez-vous !"
Puis, se tournant vers moi:
- "VOUS ! Vous arrivez avec une heure de retard !"
Ce n' est pas vrai ! J' avais seulement 20 minutes de retard ! Je dis:" Je suis désolée mais..." il me coupe la parole: "Ce n' est pas la première fois ! Ca commence à bien faire, hein !"
Je reste sidérée, au bord des larmes, choquée d' avoir été humiliée devant tout le monde, pendant que le médecin enchaine, se tournant vers la jeune fille qui était arrivée aprés moi:
- "Et vous ! Vous n' aviez pas rendez-vous !"
Soudain, il se radoucit,un grand sourire plein de tendresse illumine son visage d' où toute trace d' agressivité a disparu, sa voix se fait toute douce: "pourquoi vous êtes venue ?"
Pendant que la jeune fille répond à sa question, le médecin se tourne à nouveau ver moi, qui suis toujours immobile, pétrifiée, debout au milieu de la pièce, et semble à la fois étonné et contrarié de me voir encore là. Son visage redevient sévère. Il me montre la porte et me dit sur un ton exaspéré: "Allez-y !" Après quoi il se remet à parler d' une voix douce avec la jeune fille.

Je sors de la salle d' attente en me demandant si le médecin m' avait signifié que je devais entrer dans la salle d' auscultation ou sortir du cabinet médical pour rentrer chez moi. Il m' avait juste dit "Allez-y !" en me montrant la porte... mais merde ! Je suis autiste moi ! L' implicite, je ne comprends pas ! Il devrait le savoir, depuis le temps !
Bon, après un moment d' hésitation, j' entre dans la salle d' auscultation en me disant "Après tout, je viens juste pour un renouvellement d' ordonnance, cela ne prendra que quelques minutes, ce serait bête d' avoir fait tout ce trajet pour repartir sans cette ordonnance dont j' ai absolument besoin parce que je suis bientôt à court de médicaments..."
Pendant ce temps j' entendais le médecin et la jeune fille qui conversaient ensemble. Et j' avais mal à cause du contraste entre la façon méprisante et hostile avec laquelle il m' avait traitée, m' humiliant devant les autres personnes présentes, et la gentillesse avec laquelle il traitait cette jeune fille.

A la réfléxion, j' aurais dû sortir du cabinet médical et rentrer chez moi, plutôt que de rester là à subir cette situation douloureuse. Parce que pendant que j' attendais le médecin, seule dans sa salle d' examen, pendant un moment qui m' a semblé interminable, n' osant même pas m' assoir, et que pendant ce temps je l' entendais converser gentiment avec la jeune fille, je revivais des épisodes de mon enfance et de mon adolescence. La façon dont le médecin venait de me traiter me rappelait atrocement la façon dont j' avais été traitée à l' école et à la maison quand j' étais petite. J' étais redevenue la petite fille rejetée, humiliée, maltraitée, j' avais mal, j' avais envie de mourir.
Une irrésistible envie de me suicider s'est emparée de moi.
Je me suis dit: "Je vais me foutre en l' air. Je ne peux pas continuer à vivre comme ça ! C'est pas une vie ! Je n' ai plus la force de continuer à supporter d' être indésirable partout, constamment rejetée, tout le temps traitée comme une moins que rien, et d' avoir constamment sous les yeux le contraste entre la façon dont on traite les autres et celui dont on me traite moi. Je n' en peux plus de subir ce perpétuel manque de respect et tout ce mépris, je n' en peux plus d' être constamment humiliée en public. Je ne vaux rien, je suis une merde, il faut que je me suicide !"

J' étais en train de monologuer ainsi mentalement lorsque le médecin est entré dans la pièce. Il m' a demandé sèchement: "Qu' est-ce qui vous améne ?"

- "Je vous l' ai dit au téléphone: je viens pour un renouvellement d' ordonnance d'anxiolytiques et de Ventoline".

Il s'est tourné pour chercher ma fiche dans un casier derrière lui, et pendant qu' il me tournait le dos, il m' a demandé assez durement:
-"Et comment allez-vous ?"

La question qui tue ! Je n' en sais rien, moi comment je vais ! Depuis le temps qu' il me connait et qu' il sait que je suis autiste, il devrait se rappeler que je suis incapable de répondre à cette question. Il le sait, que je réponds systématiquement "Je ne sais pas" sauf si je viens en consultation pour une douleur physique ou des symptômes visibles. En l' occurence je venais seulement pour un renouvellemnt d' ordonnance, alors je n' avais pas préparé de réponse à cette question, puisque je ne m' attendais pas à ce qu' il me la pose.
Donc, je lui ai répondu: "Je ne sais pas."
Le médecin s'est retourné vers moi et m' a demandé:

- "Vous êtes vexée à cause de ce que je vous ai dit dans la salle d' attente ?"

J' étais trop anéantie pour lui dire que je n' étais pas vexée, parce que son reproche était justifié, j' étais effectivement arrivée en retard et il était tout à fait en droit de me le reprocher, mais que j' avais mal. Que ce n' étaient pas ses paroles qui m' avaient fait mal mais le ton sur lequel il les avait proférées, ainsi que la façon dont il m' avait traitée devant les autres personnes, et surtout le contraste entre la rudesse qu' il avait eue à mon égard et l' immense gentillesse qu' il avait manifestée pour la jeune fille arrivée aprés moi et sans rendez-vous.
Je n' ai pas eu la présence d' esprit de lui dire qu' il avait été injuste et irrespectueux envers moi, qu' à cause de lui j' avais revécu des traumatismes infantiles et que maintenant j' avais horriblement mal et que j' étais tenaillée par l' envie de mourir pour échapper à cette souffrance morale insupportable.

Déjà, avant de me rendre au rendez-vous, j' étais très stressée. Dans le bus j' avais pensé: "Quelle saloperie ce handicap ! Cette forme d' autisme est la plus pourrie qui existe ! Je hais mon handicap ! Je voudrais ne pas être consciente de mon état ! Que peut-il y avoir de pire que d' être autiste et consciente de son état ? Je voudrais me faire lobotomiser !"

Pendant que j' essayais de structurer ma pensée pour répondre de façon à peu près cohérente au médecin, celui-ci a enchainé:
"C'est vrai que vous avez un état pas facile !"
Ouais ! C'est le moins qu' on puisse dire ! Ais-je pensé.

Puis je lui ai dit que puisque j' avais beaucoup de mal à arriver à l' heure aux rendez-vous, à cause de la longueur et de la difficulté du trajet, j' allais chercher un médecin plus proche de mon nouveau domicile.
Ce à quoi il a répondu:
- "Oui ! Vous avez raison."
Ce qui m' a confortée dans l' idée qu' il voulait se débarrasser de moi. Et hop ! La vieille litanie mentale: personne ne veut de moi, j' emmerde tout le monde, tout le monde veut se débarrasser de moi, je suis de trop sur Terre, je suis une indésirable, pourquoi je m' obstine à vivre alors que je suis indésirable et que tout le monde souhaite que je disparaisse ? Etc. Etc.

Et là, j' ai fondu en larmes. Colère, détresse, souffrance morale, désespoir, frustration, angoisse, impression d' être RIEN, ... tout se mêlait à l' intérieur de moi tandis que je sentais mon être physique se dissoudre dans l' espace.

Le médecin s'est approché de moi et m' a dit d' aller m' assoir sur la table d' examen en disant: "Je vais vous examiner parce que vous n' avez pas l' air bien du tout, là."
Il a pris ma tension qui était très élevée. Habituellement j' ai une tension plutôt basse et invariable. Il m' a dit "C'est probablement à cause du stress que vous venez de subir. Je vous ai toujours connue avec une tension basse, donc il n' y a pas lieu de s' inquiéter pour le moment. Vous irez à la pharmacie dans 2 ou 3 jours faire prendre votre tension à nouveau, et si elle est toujours haute, on avisera à ce moment-là. Mais je pense que la prochaine fois elle sera normale. Il faut vous détendre."

Il est 2 heures du matin. Je ne me suis pas suicidée et je n' en n' ai plus envie.
En rentrant chez moi je me suis préparé un plateau, j' ai mangé sur mon lit, puis je me suis couchée. Il était 21h quand j' ai éteint la lumière, et je me suis endormie aussitôt.
Mais je me suis réveillée vers 1h du matin avec une boule de chagrin dans la gorge.
Je me suis tournée et retournée dans mon lit, essayant de retrouver le sommeil. En vain. Alors, j' ai pensé que cela me ferait du bien de mettre mon mal-être par écrit.
J' ai pris le bloc de papier et le stylo à côté de mon lit, et j' ai commencé à écrire.
Il est 2h du matin, je pleure encore. J' ai mal !

Je vais essayer de me rendormir. Demain je recopierai ce texte dans mon blog.
........................................................

Fin du billet nocturne.
Aprés l' avoir écrit, je me suis rendormie jusqu' à 8h du matin.

mercredi 21 janvier 2009

Ouest France - Maville.com: Nantes en images




Cliquez sur une vignette pour voir le diaporama sur le site Ouest France


PS: Il y a des photos de moi dans cette galerie

mardi 20 janvier 2009

Le malheur

L'explication du malheur de bien des gens, c'est qu'ils ont le temps de se demander s'ils sont heureux ou s'ils ne le sont pas.
Georges-Bernard Shaw

L' amour

L'amour n'est pas seulement un sentiment, il est un art aussi.
Honoré de Balzac

10 Allo !

Cette nuit j' ai rêvé que je conversais avec quelqu' un sur MSN (hahaha ! Paye ta no-live ! comme diraient certains...)

Soudain mon interlocuteur m' envoie les mots suivants: "10 Allo !"

Quand je me suis réveillée ce matin, j' ai revu mentalement cette partie de mon rêve: l' écran de mon ordinateur, avec la fenêtre MSN sur laquelle s' affichaient les mots "10 Allo !" et j' ai prononcé les mots à haute voix.... surprise ! Cela donne: Dix salauds ! Ou, au choix: Dis salaud !

No comment...

dimanche 18 janvier 2009

Souffrance


Ne pas chercher à ne pas souffrir ni à moins souffrir mais à ne pas être altéré par la souffrance.

Simone Weil
La Pesanteur et la Grâce

Les jeunes

Les jeunes sont toujours prêts à donner à leurs aînés le bénéfice de leur inexpérience.


Oscar Wilde